Aujourd’hui j’ai soif. Chose légitime me direz-vous pour un caviste. Pas une soif glougou qui pinote, pas une soif de Morgon Côte de Py de chez Jean-Marc Burgaud. Quoi que je ne dirai pas non à un petit verre avec une belle planche de cochonnaille dont les bouchons lyonnais ont le secret. Non, ici je veux parler d’une soif plus immatérielle, la soif du partage, la soif des vibrations, la soif de la passion.
Pour revenir aux sources de cet assèchement, il faut remonter aux origines de ma passion faîte de choses simples, faciles, bucoliques. « Mais comment es-tu tombé dans la barrique ? » N’ayant pas le physique d’Obélix, ni une famille d’Abraracourcix viticoles, c’est une chose qui reste aussi trouble qu’un brouillard automnale au coin d’un méandre du Layon. C’est dire ! C’est certainement un feeling, un bien-être que ce milieu apporte. Un équilibre layonesque où l’acidité serait l’épanouissement et le sucré son bien-aise.
Une passion est presque comme un virus. Premier symptôme une immense curiosité infantile, qui se doit d’être soignée à coups de pansements de lectures, de rencontres, de dégustations, de voyages… S’ensuit alors, une fois les clés de lectures en main, une prise de position, un sensibilité, une vision du milieu. Conséquences de la maladie, ces symptômes sont en perpétuels mouvements. Aussi volatile que la notion de terroir ! Il n’est pas aisé de la maîtriser et pourquoi le vouloir ? Une maladie qui temps qu’un verre de vin me fera vibrer le gosier, restera incurable.
Comme si ce fléau de la passion n’était pas suffisamment prenant, il est qui plus est très contagieux. Imaginez un peu des hommes à la plume infectée par la soif : Emile Peynaud, Pierre Galet, René Morlat… Comment résister ? Des ouvrages qui vous plongent encore plus profondément dans la démence vinique, qui bousculent vos acquis et ouvrent de nouvelles voies de réflexions. Imaginez des vignerons qui bouillonnent le raisin. Des passeurs de vin aussi fous que la Loire est belle ! Des aliénés du verres, collègues de l’armée tire-bouchons avec qui vous avez fait et ferez les 400 Coups bachiques. A défaut d’avoir fait votre service militaire, vous avez fait votre service œnologique avec eux. Tout aussi patriotique ! Bref avec ces contaminés du 75 cl, impossible de guérir si en plus vous n’en avez nullement envie.
Parce que le monde du vin est avant tout synonyme de partage, gourmandise, hédonisme, convivialité, richesses, cultures et j’en passe, j’aimerais aujourd’hui porter la bonne parole de ma paroisse et partir en pèlerinage. Calice INAO à la main, bénitier crachoir ou pas dans l’autre. Transmettre à mon tour en toute humilité étant au stade de fillettes là où Sylvain Eliès, Hervé Lalaud, Patrick Essa, Nicolas Bon sont mes Nabuchodonosors.